Nous arrivons échelonnés à Marrakech en fonction des provenances. Surprise, c'est la pluie qui nous accueille.
L'aéroport Medina laissera un souvenir amer à Hubert qui se retrouve sans ses bagages (valise et vélo) à l'arrivée suite à une grève des bagagistes de Casablanca par où il transitait.
Je retrouve mes amis à l'hôtel pour un dîner convivial . Hubert n'arrivera que plus tard après avoir accompli les formalités suite à sa perte de bagages.
Les Branquignols au complet. De gauche à droite : Hubert, Jean-Pierre votre serviteur, Robert, Bernard, Tophe, Jean-Pierre et Icham conducteur et cuistot.
Pendant qu'Hubert court toujours après ses bagages nous entamons cette première étape en retard par rapport à nos prévisions.
Après un transfert en voiture nous démarrons de Touama pour monter directement en aller retour au tizi Melloul (1074 m), un petit col situé sur un sentier à quelques centaines de mètres de la route.
De retour à Touama nous prenons la nationale 9, axe reliant Marrakech à Ouarzazate. Cette route est assez fréquentée mais elle est incontournable pour qui veut franchir le fameux tizi n'Tichkat. Nous déjeunons copieusement tout près du deuxième col, le tizi n'Aït Imgar (1395 m) situé à quelques encablures en contrebas de la route.
Le col franchi, nous sommes prévenus : il y a des travaux sur les 40 km à venir ! Avec la pluie tombée la veille nous aurons droit à quelques belles éclaboussures d'un ton chocolat. C'est un important chantier destiné à raccourcir le temps de trajet entre Marrakech et Ouarzazate : la route est élargie et redressée en de nombreux endroits parfois au prix de belles découpes dans les rochers.
A la sortie d'un virage on commence à avoir de belles vues sur le Haut-Atlas qui nous attend demain.
Arrivés à Zerkten nous laissons de côté le tizi n'Izaghiane par manque de temps. Nous remontons lentement de 1200 à 1500 m d'altitude par de une pente toute douce, toujours au milieu des travaux. De là, commence l'ascension en aller retour du tizi n'Izaghiane (2076 m) : le meilleur pour la fin avec 500 m à escalader en 5,5 km sur une belle piste pour un col à plus de 2000 m.
De retour sur la route il ne reste que 2 km pour gagner Taddart où nous sommes logés dans un gîte correct au cœur du village.
Le départ sur place peut se faire de bonne heure. On profite ainsi d'une route plus tranquille qui continue de s'élever en douceur vers tizi n'Tichkat (2200 m). De méandre en méandre la vue se dégage vers le nord.
Deux kilomètres environ avant le col, nous nous écartons de la route pour aller cueillir le tizi n'Ouboudou (2169 m) par un poussage relativement facile. Ceux qui ont souhaité raccourcir pour aller directement au Tichkat plutôt que de faire un aller retour et reprendre la route s'en mordent les doigts. Le chemin le plus court n'est pas toujours le plus rapide …
Nous devons partager le tizi n'Tichkat avec des hordes de motards car la circulation s'est désormais densifiée.
Plutôt que de de piquer de suite vers l'est, nous ne manquons pas d'aller chercher les tizi n'Labsiys (2153 m, routier) et n'Harmouch (2181 m, R2 par le versant ouest).
Avant Telouet la quête de l'agourd n'Izazgawn (1779 m) situé à quelques centaines de mètres de la route, est l'occasion de changer de registre en chassant des pierres originales et variées. Le secteur a dû être le témoin d'une histoire géologique agitée.
La kasbah de Telouet se dessine enfin à l'horizon sous la chaleur. C'est là qu'Hubert nous rejoint.
Après une longue pause nous attaquons le tizi Tanbdout (1912 m) aux pentes toutes en douceur où nous admirons un paysage minéral.
De là, un chemin en montagnes russes puis un sentier nous mènent au tizi n'Tamraght (1975 m) d'où nous descendons sur Amniter, terme de l'étape.
Notre hébergement perché au fin fond d'une belle vallée qui, de désertique au premier abord, se révèle tachetée de multiples villages. La piste très abîmée secoue les vélos qui souffrent sur la galerie du 4x4.
Il fait déjà chaud à 8h à 1900 m d'altitude. Vu l'état de la piste du gîte nous optons pour une descente sur les VTT avant un long transfert au sud ouest de Ouazarzate. Nous faisons une pause pour admirer la kasbah d'Aït Benhaddou.
Il est 10h30 lorsque nous enfourchons nos montures. Le tizi n'Baddaz (1335 m) est vite avalé en aller retour. Nous cheminons sur la N10 qui est relativement calme en ce dimanche matin.
La tentative d'approche de son homonyme à 1449 m va être un échec. La trace passe par un terrain militaire. Je comprends maintenant pourquoi cette zone était illisible sur Google Earth ! Ne trouvant pas de piste nous rapprochant de cet objectif nous continuons donc sur la N10 pour nous rapprocher du tizi n'Tadrarine (1459 m) que nous devrons désormais faire en aller retour. Il se situe hors sentier mais une belle piste permet de s'en approcher tout près. De retour sur la route, nous poursuivons jusqu'au tizi n'Issaftih (1453 m) où un bon pique-nique nous attend.
La conquête du dernier col de la journée, le tizi n'Takachoudine (1637 m) sera plus laborieuse que je ne pensais. Si le début se fait sur piste, nous devrons ensuite passer par un oued de nature pas roulant puis par un long chemin cyclabe seulement par endroits. Du coup, une fois au sommet nous décidons de poursuivre vers le sud plutôt que de retourner sur nos pas pour rejoindre Anzal terme de cette étape.
Le Siroua est un massif volcanique coincé entre le Haut-Atlas au nord et l'Anti-Atlas au sud.
Hébergés à Tamlakoute nous n'avons qu'un court trajet pour la mise en place. L'échauffement se fait en douceur sur le chemin du tizi n'Tendout (1763 m).
Le col suivant, tizi As drem (2025 m), est un routier à plus de 2000. Seuls les derniers hectomètres sont un peu raides. La descente mène au superbe village de Tachakchte construit en surplomb d'un cours d'eau où les villageois s'affairent : c'est jour de lessive d'un côté, ramassage manuel des foins de l'autre.
Nous quittons l'asplalte au tizi n'Izgarane (2009 m) pour filer ver le village de Tourlit où les tons ocres dominent. Le tizi n'Ou-glidane (1978 m) se situe au dessus du village. On y accède par un sentier emprunté par les bergers et les animaux de trait. Une descente raide nous mène dans un étroit vallon verdoyant où tous les mètres carrés fertiles sont utilisées. Un petit barrage y a été construit. Dans ce pays désertique, l'eau est source de vie, tant végétale qu'humaine. Les gens se contentent de peu : quelques lopins de terre et un troupeau. La vie paysanne est austère.
Notre sentier nous conduit près de l'agourt n'Ikht (2064 m), où nous déjeunons.
Nous allons passer l'après-midi dans la vallée qui mène au tizi Malloult (2516 m) puis au tizi n'Talat (2502 m), à plus de 2500m d'altitude. Au départ quelques petits ruisseaux permettent des cultures. Nous sommes dans la région de production de safran. Les paysans s'affairent pendant que les ânes patientent.
Plus haut, surprise,on découvre deux gros villages de bergeries. Ils sont encore déserts en cette fin avril mais seront occupés pendant l'estive.
Ce paysage de haute montagne est l'un des plus beaux du séjour.
Après un transfert au delà de Taznakht les paysages sont complètement différents. La journée va se passer à gravir des petits cols à partir de plateaux désertiques. Tizi n'Bou'otmane (1815 m) n'est qu'une formalité. La liaison vers tizi Iger n'Oulili (1837 m) se fait à travers de grandes étendues tantôt désertiques, tantôt cultivées. C'est le Maroc tel qu'on l'imagine.
L'ascension du tizi Iger n'Oulili suit longtemps un oued asséché. C'est donc très peu roulant. Nous arrivons au col en ordre dispersé. Nous avons rendez-vous pour le pique nique au col suivant, routier, tizi n'Ikhsane (1837 m). Chacun suit son idée pour y parvenir, le terrain étant cyclale un peu partout.. Je me retrouve avec Robert. Tophe et Bernard ont trouvé un joli raccourci. Mais à midi, point de Hubert à table ! Il ne nous rejoint qu'au dessert. En fait il nous attendait au point de retour à la route où personne n'est passé !
L'après-midi est tranquille. Le passage du tizi n'Ounziy nous permet d'admirer de beaux paysages où des éperons granitiques émergent des plateaux.
A Taznakht nous sommes intrigués par de nombreux camions qui filent vers Agadir chargés de pastèques. Renseignements pris, les produits pproviennent de la région de Zagora à destination d'Agadir pour être exportés.
Nous poursuivons notre périple toujours entre Taznakht et Talouine. Le parcours du jour me préoccupe car j'ai compris en le traçant qu'il risquait d'y avoir quelques passages scabreux. Nous retrouvons les mêmes paysages qu'hier après-midi. Après quelques kilomètres de plaine nous attaquons l'ascension du tizi n'Mourirt (1742 m). Hubert n'est pas avec nous, ni devant ni derrière. Nous en concluons qu'il a certainement décidé de faire le parcours en sens contraire.
Au premier village qui suit le col un gamin d'une dizaine d'années nous suit sur son VTT pendant plusieurs hectomètres avant de renoncer.
C'est désormais l'aridité qui prévaut. Quelques hameaux peuplent le terrain. On se demande vraiment de quoi les gens peuvent vivre.
Comme je le redoutais, les deux cols hors pistes sont inaccessibles, ou tout du moins demanderaient trop de temps et d'efforts.
Nous déjeunons à Issil, tout près du point de départ où nous retrouvons la civilisation.
L'après midi nous partons en direction du tizi 'Haroun où nous croisons Hubert. Le village de Wanktou est équipé d'une aire de battage. C'est déjà la saison des moissons et les paysans arrachent à la main les céréales clairsemées avant de les rassembler en gerbes.
Le tizi n' Haroun (1816 m) et son voisin tizi n'Twayya (1817 m), peu éloignés, sont atteints par une belle piste. Est-ce à cause d'une antenne située tout près de ce dernier ?
Le retour, vent dans le dos n'est qu'une formalité.
Après deux nuits à Tazenakht nous faisons une liaison motorisée d'une soixantaine de kilomètes pour nous rapprocher de Taliouine où nous allons passer trois nuits.
Le parcours du jour est une étape de transition, routière, courte (45 km) et à faible dénivelée (800 m). Malheureusement, un fort vent de face va nous gêner toute la journée.
Nous cueillons trois cols au passage : tizi n'Ouzarza (1821 m), tizi n'Iguiguil (1918 m) et tizi n'Ounzour (1855 m).
L'étape démarre de notre hôtel de Taliouine pour se diriger en aller retour ver tizi n'Tabalkhiyat (1137 m).
De retour quasiment à la case départ nous prenons la N10 vers le sud-est où nous retrouvons le même vent de face que la veille pour monter au tizi Iguer n'Oulili.
Au détour d'un virage, le chauffeur d'un camion de pastèques arrêté nous salue. Il est en panne et comme c'est lui aussi un cyclo il engage la conversation puis nous offre une pastèque très sucrée. Il fait la liaison entre Zagora et Agadir (7h à vide, 9h chargé).
Après cette pause improvisée nous sommes légèrement abrités du vent qui reprend ensuite de plus belle pour atteindre tizi Iguer n'Oulili (1498 m) puis tizi Meleft (1511 m). Comme ce dernier est un aller retour, le retour se fait dans l'euphorie. Quel contraste !
Une bifurcation à gauche nos ramène au tizi n'Ousmoktar (1625 m), point de départ de la veille, où nous déjeunons. Nous avons un invité surprise : un chien errant qui espère bien trouver pitance.
Le parcours de l'après-midi est incertain pour deux cols, aucun passage n'étant cartographié ni visible sur Google Earth. Au pire, une piste peut nous ramèner sur la N10. Par chance nous trouvons une piste qui nous mène au pied du tizi Mouls (1747 m) qui est hors sentier. Nous marchons ensuite près d'une heure dans une zone désertique pour atteindre tizi n'Tatwit (1749 m). De là nous pouvons pédaler sur un plateau parsemé de larges fossés qui va nous ramener sur la N10, tout près du tizi n'Taghatine (1837 m), terme de l'étape.
Pour la première fois nous partons sous un brume tenace. C'est jour de souk à Assaki, notre point de départ.
Le parcours du jour est le moins haut en altitude du séjour car nous touchons la plaine de Taroudant.
Comme hier nous débutons sur la N10 où se trouve tizi n'Tighoula (955 m) avant de bifurquer rapidement vers le sud.
La nouveauté du jour est que nous pédalons au milieu des arganiers, un arbre spécifique au Maroc qui permet de produire l'huile d'argan utilisée pour les cosmétiques ou en cuisine. Les chèvres raffolent de ses feuilles au point qu'elles n'hésitent pas à monter aux arbres !
Il nous faut sortir de la piste pour aller chercher tizi n'Idgi (1179m) d'où nous sortons de la trace pour aller chercher une autre piste qui nous paraît meilleure. Ce sera finalement le bon choix.
En traversant un village nous discutons avec l'institutrice professeur de français. Nous apprenons qu'elle change tous les ans de poste "Inch Allah".
La montée au tizi n'Wadou (1389 m) est fastidieuse. Nous nous retrouvons une nouvelle fois au milieu de nulle part.
Pour redescendre vers tizi n'Oughay (1051 m) nous trouvons un sentier peu cyclable qui nous ramène dans un oued. Nous pouvons par chance pédaler sur les sentiers environnants.
La liaison pour revenir sur la route et le village d'El Faïd où nous attend le déjeuner me paraît interminable. Je n'en vois pas la fin tellement j'ai faim … Il faut dire que nous déjeunons à 15h passées !
Le retour vers tizi n'Sous (909m) situé sur la N10 n'est pas agréable avec beaucoup de circulation et la chaleur qui a remplacé la fraîcheur matinale.
Tout comme hier matin les nuages sont bas. Nous avons un transfert d'une soixantaine de kilomètres pour nous rendre au départ au pied du tizi n'Test, l'un des cols les plus connus du Maroc.
Nous entamons la remontée vers Marrakech. Ça sent déjà la fin du séjour ...
Malheureusement la montée va s'effectuer entièrement sous le brouillard. Nous glanons au passage tizi Zougaghn (1199 m). Si la montée est longues, les pourcentages ne sont pas soutenus come souvent lors de ce séjour.
Surprise, tout se dégage au sommet ! En fait, un autochtone m'explique que le versant sud est souvent bouché alors que le versant nord est ensoleillé.
Nous pique-niquons au col qui est moins fréquenté que je ne le pensais.
L'après-midi est consacré à faire l'aller retour au tizi n'Warg (2454 m), beaucoup plus long que prévu. En cause, la piste souvent éboulée après trois ou quatre kilomètres entrainant quelques passages délicats. Un endroit où je déconseille de s'aventurer seul.
Une bonne bière, la première depuis notre arrivée au Maroc (!), bue au refuge du tizi n'Test clôture la rando du jour. Une longue liaison routière jusqu'à Imlil nous attend. Nous sommes étonnés par la pluie qui nous y accueille.
La nuit a dégagé le ciel.
C'est donc par beau temps que nous attaquons la montée vers LA station de ski du Maroc : Oukaïmeden. Ce parcours est attendu avec impatience depuis plusieurs jours. Il doit nous mener au point haut du séjour à près de 3000 m d'altitude.
Nous commençons plus modestement par le tizi Ouarchir (1838 m) traversé par une rigole d'irrigation. Un vrai lieu de passage ! Les eaux du massif du Toubkal sont récupérées pour irriguer des cultures en aval.
La piste nous mène ensuite au tizi n'Ismir (2314 m) par une longue ascension parsemée de redescentes. Les vues sur le massif du Toubkal, encore chapeauté de neige, sont de toute beauté.
Avant d'attaquer la montée finale nous dominons le village d'Agadir, accroché à un sommet à plus de 2000 m. Ce modeste village où la vie doit être rude est plein de vie.
Enfin tizi Oukaïmeden est là, lui que l'on devinait de loin avec ses antennes. On déjeune à la station d'OukaÏmeden près de l'espace réservé aux débutants, équipé de quelques tires-fesses. Plus loin, un télésiège permet d'accéder à de plus vastes étendues.
La promenade digestive du jour consiste à faire l'aller-retour vers tizi n'ou Addi (2941m) le point culminant du séjour. A cette altitude, nous trouvons encore un troupeau gardé par deux jeunes bergers.
Pour rentrer à Imlil en voiture, la route fait un long détour. Ce trajet est interminable mais nous permet de longer la vallée de l'Ourika avec ses poteries et d'apercevoir Moulay Brahim, un bourg perché sur un éperon rocheux.
Pour cette dernière virée, nous partons de notre gîte à Imlil et commençons par redescendre le long de l'Oued Rheraya jusqu'à Tagardit Aït Ali village situé au pied du tizi n'Techt (2004 m). C'est une piste qui nous mène au col au bout de 11 km et 650 m d'élévation.
Nous redescendons après avoir pris le temps de savourer le dernier 2000 du séjour.
Nous prenons le pique-nique en aval d'Asni dans le lit de l'Oued Rheraya. C'est dimanche et le site est prisé, certainement par des habitants de Marrakech qui viennent s'y détendre.
L'après repas est corsé car nous attaquons la montée vers Moulay Brahim.
Après ce village, Tophe perce. Sa chambre à air n'a pu aller jusqu'au bout ! Nous traversons un plateau qui nous mène successivement aux tizi n'Kek (1319 m) et n'Ouadou (1425 m).
Il ne reste plus qu'à boucler la boucle en rentrant à Marrakech avec plein de souvenirs de ce pays aux portes de l'Europe, à la fois si proche et si lointain.