Ce voyage est à l’initiative de Bernard qui anime le groupe de travail Cent Cols sur le Maroc. Nous sommes 5 VTTistes, Bernard et son épouse Nadine, Mac Isard, Tophe et moi-même
La particularité de ce séjour est que nous allons suivre les parcours tracés par Bernard à l’écart des grands centres touristiques avec pour but de franchir de nombreux cols inédits. Bernard s’est pour cela aidé de Google Earth car les cartes de ce pays sont rares et souvent peu mises à jour.
Nous avons avec nous 3 accompagnateurs marocains Ahmed, notre guide VTT, Ahmed le chauffeur cuisinier et Saïd l’intendant. Etre accompagné pour faire du VTT dans ce pays est indispensable pour des raisons de sécurité. Le téléphone arabe fonctionne parfaitement ! Les chefs de village se transmettaient l’information de notre visite de hameau en hameau.
Le séjour va se dérouler en deux parties : une grosse semaine dans le Moyen Atlas au sud de Fes et une petite semaine autour de Taza, à cheval entre les premiers contreforts du Rif au nord et du moyen Atlas au sud.
Après un transfert à 7 dans un 4x4 la veille de Fès à Azrou, la première tâche de la matinée est de remonter les vélos. Pour ma part la pédale droite est récalcitrante et le dérailleur mal réglé. Grrrrr !
La ballade du jour est une boucle au sud-ouest d’Azrou. Le parcours prévu est de 72 km pour 12 cols. Pris par le temps, nous ne parcourrons que 61 km avec tout de même 11 cols et 1 100 m de D+. Nous testons Ahmed, il a un bon physique et le sens de la montagne !
Nous naviguons entre 900 et 1 200 m d’altitude, les paysages sont verdoyants dans les vallées cultivées, plus arides dès que l’altitude s’élève.
Le soir nous effectuons un long transfert jusqu’à Timahdite. Nous sommes hébergés dans le seul hôtel de la ville. Problème : pas d’eau chaude ni de chauffage. Il s’agit de la rançon à payer pour sortir des sentiers battus : nos accompagnateurs qui sont de Marakech ne connaissent pas bien la région et ses possibilités d’hébergement. Nous aurons donc droit au pire comme au meilleur.
Depuis Azrou nous n’avons fait que prendre de l’altitude et nous nous retrouvons au départ du lac d’Aguelmame à plus de 2 000 m d’altitude.
Dans la matinée une boucle nous permet de gravir 3 cols à l’est du lac. Nous déjeunons en compagnie de plusieurs chiens qui attendent patiemment leur part du gâteau. Saïd nous explique que des chiens errants attendent souvent au bord des routes car ils savent qu’une âme charitable leur donnera à manger.
Nous repartons vers le sud ouest du lac en début d’après-midi. L’ascension Mzil Tizi est (2213 m) est malaisée car très caillouteuse tout comme la courte descente qui suit et la remontée sur le tizi n Thrardine (2332 m).
La suite du parcours est plus roulante mais il est plus de 18h lorsque nous arrivons au au tizi Moudman (2145 m), terme de cette étape de seulement 42 km mais très physique. L’hébergement « à l’occidentale » permet une bonne récupération.
Seulement 25 km aujourd’hui. Dans ce genre de périple il faut se ménager des périodes de semi-repos.
Le départ se fait plein sur en direction du tizi n Oufraou (1815 m). La pente est modérée mais un fort de face nous ralentit alors que nous progressons à découvert.
Le col suivant, le tizi n Tissoufra (2119 m) n’est pas facile, la pente est raide, le solde argileux glissant. Le sommet est atteint avec soulagement. La dernière partie de la descente qui aurait pu être cyclable se fait à pied à cause de la glaise qui s’amasse et bloque tout.
Nous atteignons ensuite l’oued Outat, le premier de notre séjour. Il ne nous reste désormais plus qu’à rentrer à Midelt en passant deux cols, non sans se tremper les pieds pour passer les gués.
Arrivés de bonne heure à Midelt, nous en profitons pour passer chez un « vélociste » et faire le plein de bières avant de retourner dans notre palace. Trouver de l’alcool hors des grands centres urbains n’est pas facile dans ce pays où l’islam est la religion d’état !
Nous voici revenus tout près du lac d’Aguelmame mais nous allons naviguer aujourd’hui plus à l’ouest.
La première partie de l’étape est routière. Nous franchissons rapidement les tizi n Tafouch (1 933 m) et n Laafit (2 126 m).
La suite est plus laborieuse. Le tizi Mansour (2 024 m) est atteint après un rude poussage. Nous y reprenons des forces en pique niquant. La descente est sauvage mais surtout boueuse avec de l’argile qui s’agglutine partout. Impossible d’avancer en roulant, il faut absolument porter. C’est là un des moments les plus pénibles du séjour. Dans un dédale de chemin, nous faisons la seule erreur de navigation du voyage qui va nous couter un col. Nous suivons un chemin parallèle à la trace mais qui ne la rejoint pas. Nous aurons tout de même droit à une compensation : la vue de singes macaques magots dans la forêt.
Nous terminons la journée au col de Zad (2 178 m) après 54 km, 1 500 m de D+, avec 5 cols dont 4 à plus de 2 000 m. Suit une longue liaison en voiture de 80 km pour atteindre Boulemane avec le pire hébergement : des bungalows froids et sales situés dans un camping L.
Aujourd’hui étape de repos : 18 km seulement avec 2 cols : tizi Tliouijt (1 866 m)et tizi Ouidel (2 022 m) gravis après une longue approche motorisée.
Nous partons ensuite pour Tamjilt où une adresse nous a été donnée le matin même. Nous sommes au pied de la chaine du Boulmane où le Mousa ou Salah culmine à 3 190 m avec ses pentes enneigées. Bonne pioche. Nous sommes hébergés pour deux nuits chez le chef du village. Nous partageons une grande pièce qui sert à la fois de salon, salle à manger et chambre. La cuisine, faite maison (tajines, crèpes, omelettes, … ) est excellente.
La promenade du jour est la plus haute du séjour. Nous partons de 1 850 m pour monter jusqu’à 2 300 m. Les paysages sont somptueux : les massifs montagneux sont séparés par de larges vallées. On se croirait au bout du monde avec très peu d’activités humaines y compris sur les routes. Le fond de l’air est frais.
Nous passons successivement le tizi Achour (1 830 m), le tizi n’Tamalou (2 110 m) avant de sortir de la piste pour attaquer le tizi n’Tazoult (2 299 m), court mais pentu. Retour sur la piste pour passer le tizi Bouzabel (2 266 m) où nous faisons la pause déjeuner en compagnie de deux jeunes cyclos locaux qui font un voyage itinérant.
Nous sommes désormais sur le versant nord de la montagne. Près du col, la piste encore enneigée n’est dégagée que sur une petite largeur de voiture. Les deux derniers cols, tizin’Teramach (2 131 m) et tizi Ouaouresna (2 097m) juste marqués par une petite remontée ne sont qu’une formalité.
Après un aller retour pour retrouver notre gite de Tamjilt nous reprenons notre périple en direction du nord en perdant petit à petit de l’altitude bien que la majeure partie de la journée se passe encore entre 2 000 et 2 100 m.
Après un aller-retour pour gravir le tizi el Alam (2 161 m) nous nous engageons à l’ouest de la route en suivant des sentes peu marquée. Les couches rocheuses dessinent des cercles à flanc de montagne. Nous poussons dons longuement pour franchir le tizi n’Tessoual (2 092 m) et le bab Edlel (2 075 m). Après ce dernier col, surprise nous nous retrouvons dans un vallon tout plat abritant un bout de lac.
Le col suivant tizi Artane (2 030 m) est le dernier « 2 000 » du séjour. Nous en avons franchi 23 ; belle brochette !
Nous arrivons à Tamtrouchte en milieu d’après-midi. Déception, le village est plutôt un hameau de quelques maisons. Réconfort, Saïd et Ahmed2 nous ont préparé un succulent repas réparateur !
Après le tizi ou Slalef (1 891 m) nous montons dans le 4x4 jusqu’à Bab Bou Idir où le hasard fait bien les choses puisque nous trouvons un hôtel tout neuf où nous sommes les seuls occupants.