Polo, valeureux cyclo gaulois, s'est vu confier la délicate mission d'atteindre les 4 000 cols pour ses 70 ans. Il fit pour cela un voyage en Hispanie, plus précisément en Catalogne et encore plus précisément encore à Aiguafreda, au sud de Vic où les colls sont aussi nombreux que les sangliers dans sa campagne aquitaine natale. Il invita quelques amis à le rejoindre. Son compère, Patrick L. s’est chargé de tracer les circuits, parfois originaux parfois aménagés par rapport à nos prédécesseurs en fonction des lieux de départ et des additifs.
Le choix des dates va s’avérer judicieux : nous aurons droit à un bel été indien !
Nous nous retrouvons à huit comme prévu à 13h à Sant Julia de Vilalorta. Alain de Montélimar, Guy de Toulouse, Milou mi Lotois mi-Cantalou, Patrick L. et Polo, les Agenais, Patrick M. le Corrézien, Robert, partagé entre Lozère et Paris et moi-même, le Périgourdin. Ce groupe, à l’accent du sud très marqué va se révéler très homogène.
A 14h le casse-croute est avalé, les vélos prêts. Place à l’aventure ! Patrick L. nous a concocté une mise en jambe toute en douceur avec un parcours de 15km et 600 m de D+ mais avec tout de même 7 cols. Dès la sortie du village le vélo de Polo fait des bruits bizarres. Au premier col, il faut se rendre à l’évidence la roue libre est HS. Notre ami va donc devoir finir le circuit en mode « pignon fixe », un exercice pas si facile que ça à VTT !
Les deux premiers cols, coll Llobera et coll de Cantell, sont sur des chemins pour un échauffement en douceur. Les suivants, coll Palomeres et collet de Cau Negre se passent sur un bon sentier.
La redescente vers le col routier de Romegats est essentiellement pédestre sur un large sentier à flan de rocher avec quelques belles marches à passer. Au bord du vide, on y domine la vallée voisine. Les collines d’en face sont zébrées par la C25 qui relie Vic à Gérone.
Après environ un kilomètre de roue libre (sauf pour Polo) remontée sur le collet de la Creu est sévère et pédestre.
La suite est roulante et c’est à peine chauds que nous rejoignons nos véhicules. Comme il n’est pas tard nous cherchons en vain un vélociste à Vic. Nous trouverons notre bonheur à Centelles chez Bici Equip. Une adresse à retenir si vous avez un problème technique dans le coin. Le service est rapide et d’un bon rapport qualité prix. Nous solliciterons ce commerçant à plusieurs reprises !
Nous attaquons aujourd’hui les choses sérieuses à l’est d’Aiguafreda, notre camp de base. Ce bourg est situé dans une vallée encaissée. Pour en sortir et aller chercher des cols il faut monter, et même sérieusement. Les passages à 20% sont fréquents, heureusement suivis de portions moins pentues. La vue se dégage petit à petit sur les falaises colorées par le soleil levant. Cette première montée nous permet de passer successivement les collets de Montcau et de Villardebo, Can coll, puis les collets de Santa Maria, de Pejnacans, de San Marti, de la Font Bellver et del Passarel. Le séjour commence fort !
Nous nous retrouvons sur un plateau et c’est un long faux plat qui va nous amener au chapelet de cols suivants . La Serra de Montseny est désormais bien en vue à l’est. Après avoir passé le collet del Serrat de la Creu puis celui de Poniol nous déjeunons au collet del Toro où nous dégustons un saucisson lozèrois arrosé de Pécharmant. Le collet de la Ventosa, perdu au milieu des broussailles en contrebas nécessite un bel effort sur la digestion.
Avec ou sans chambre, Alain et Robert font les shadoks ; ils n'en finissent pas de pomper encore et encore ! Ils finiront la journée chez Bici Equip.
Nous descendons ensuite au coll Formic par une bonne piste via les colls Terrus et Ventos, parfois au milieu des chasseurs. Les collets de les Bigues et de la Cerdanya sont dans une zone pastorale. Le second occupé par un troupeau de vaches, n’a pas vraiment la topographie d’un col.
De retour au coll Ventos le collet de l’Esllavissada nous titille. Il semble peu accessible mais Milou nous trouve un sentier de sangliers pendant que Guy, trop haut, galère dans le maquis.
La redescente sur Aiguafreda permet de franchir six cols supplémentaires et même sept si l’on rajoute le coll de Sant Père situé à la sortie du village, de l’autre côté de la vallée.
Aujourd’hui, nous évoluons à l’ouest d’Aiguafreda. Nous devons dans un premier temps nous hisser au sommet des falaises que l’on voyait hier. Nous empruntons pour cela une belle piste utilisée par les automobiles et les camions malgré de forts pourcentages. Au sommet, au grau de Can Tresquarts des odeurs bizarres mêlant décharge et porcherie nous attendent. Nous n’y trainons pas !
Le circuit du jour est très roulant. La matinée va se dérouler sur la route ou d’excellentes pistes. Nous franchissons ainsi sans difficulté le coll de Can Tallo, les collets Vermell (en aller retour) et de Soler, les cols de Gasens, de Nou et dels Oms, les collets de les Pereres, de la Feu et de Soler.
Nous déjeunons au collet de la Creu del Serrà avec déjà une grosse moitié du parcours dans la musette. Aujourd’hui, c’est Loupiac en apéritif !
Nous continuons sur la route par le collet de Can Sants où nous prenons une piste puis un sentier qui nous mènent sur les bords d’une deuxième falaise. Le contraste est saisissant entre les à pics minéraux et la vallée verdoyante. Nous alternons désormais pédalages et poussages.
Les cols s’enfilent comme des perles : les collet de Ca l'Escopeter ,la Collada, grau Port, collet del Marsa, grau de la Font, coll del Fabregar, coll Batai et collet de la Rovira dels Cerdans sont successivement franchis. Quelques uns ne sont que des brèches dans la falaise, d’autres sont plus marqués.
A partir de là, les trois derniers cols, collet de la Terma, coll d'Arenes et coll de la Nit sont routiers. Le retour qui devait se faire par le collet de la Rovira dels Cerdans ne nous inspire pas. Le passage est interdit sur un chemin privé qui mène droit à une ferme. Nous nous concertons. Guy, en bon géomètre sort sa carte du sac où nous trouvons une route qui va nous ramener sur Centelles par une descente cassante à déconseiller en vélo de route. Pour la première fois du séjour nous ne rendons pas visite à notre ami de Bici Equip.
Rentrés de bonne heure nous décidons d’aller chercher le coll de la Nit situé près d’dAiguafreda. Polo, toujours aussi insatiable, décide de poursuivre pour glaner deux cols supplémentaires ; un bel effort car il doit pour cela prendre 400 de dénivelée en fin de journée.
Le circuit du jour se situe encore plus à l’ouest que celui de la veille.
La première partie du circuit décrit une bouclette au sud de Sant Quirze de Safaja pour glaner el Colell, le collet de la Torrentera et le coll de Poses.
Après ce dernier col routier nous allons nous enfoncer dans les bois et prendre progressivement de l’altitude, les montées étant plus importantes que les descentes nous prenons progressivement de l'altitude pour franchir le collet dels Aubaniels, le coll del Berenguer, les collets de les Vinyes et dels Termes puis les cols de Pruna, dels Bardissars, de Bardissars et de Matafaluga.
A ce dernier col nous nous engageons plein sud dans un diverticule pour atteindre le collet de Cal Caixeta puis les cols de Rosanes et Roig. Ce dernier est situé sur une piste en construction. Robert nous fait remarquer avec malice qu’un peu de pluie aurait épicé notre sortie d’une belle séance de patinage !
Après le pique nique nous changeons vite de décor en revenant à la civilisation. Nous avons tout d’abord la surprise de découvrir l’ermitage désaffecté de Sant Julià d’Uixos avant de redescendre sur le bourg de Castellterçol non sans avoir auparavant franchi le collet de Cal Caixeta et le coll de Rosanes.
Le col suivant, le coll Roig est atteint après une montée routière peu pentue. Au passage nous apercevons un immigré africain qui ramasse des pignes de pins. Nous avons ainsi la réponse à une question que nous nous posions : que font ces immigrés isolés que nous croisons, tous équipés d’une canne terminée par un crochet ? Pas sûr qu’ils aient trouvé le bonheur au bout de l’exil.
Nous poursuivons par le coll de San Fruitos et le collet de Mas Clami. Dans la descente de ce coll des broussailles sèches jonchent le sol tel des clous de tapissier ! Après le coll Trencat, Alain, Patrick M et moi-même sommes victimes du même mal, des crevaisons lentes. Bici Equip recevra notre visite ce soir !
Si le pas de les Llebres, le coll de la Mosca et le collet de Puigcastellar ont été franchis sans difficulté, nous allons jardiner pour trouver lecollet Lils, au point de le prendre à rebrousse poil par la route.
En ce jour de déclaration d’indépendance du parlement , tout est calme dans la campagne catalane.
La météo n’est pas annoncée fameuse pour aujourd’hui. Nous ne sommes donc pas surpris par le ciel nuageux matinal.
Arrivés sur le lieu de départ à Collsuspina, nous sommes dans un léger brouillard qui laisse désormais entrevoir une belle journée. Youpi !
Une première bouclette au sud-est du village permet d’engranger quatre cols en cinq kilomètres : le coll de la Pollosa, le collet del Roc, la Collada et le coll d'Heures. Le retour nous offre en prime de belles vues sur le village de Collsuspina.
Au-delà du bourg, le circuit se poursuit sur la route qui se transforme en belle piste après la Creu de Noalard. Les collets Bolederes, d'Herbaprima, de Mas Güel, de la Caseta Alta, de Cantallops, de Bassa Gran, le coll Sobirà puis les collets de Malloles et de l'Albergina sont successivement franchis sans aucune difficulté. Un vrai régal. Comme nous sommes samedi, les chercheurs de champignons sont nombreux. Certains prennent même le temps de casser la croute.
Après une longue section routière le collet del Cami Traverser nécessite un poussage le long d’un sentier encombré de quelques ronces avant d’utiliser un pont destiné au passage d’animaux au dessus de la C25. Nous y déjeunons et goutons le pâté de lapin maison qu’a apporté Robert. Un délice qui nous change des menus habituels.
Le col de Vi est ensuite facilement atteint mais nous devons faire demi-tour au lieu de suivre la trace : un magnifique portail cadenassé et hérissé de piques barre la piste prévue. Même Guy, l'escaladeur expérimenté de portails ouverts, ne s'y risque pas ! Nous devons faire le tour de l'immense propriété du château de Rocabruna.
La remontée vers le collet de les Carreres est longue, tantôt sur le vélo, tantôt à côté avec au milieu une bonne descente qui nous fait perdre de l’altitude.
Le col suivant, coll Dirana est proche et offre de belles perspectives sur les domaines environnants, composés de vastes étendues boisées percées de quelques zones de cultures.
Le retour se fait par le même chemin qu’à l’aller. Reste à aller chercher le coll de Palau, situé au milieu des champs. Robert, qui est fatigué suite à une mauvaise nuit, a la sagesse de rentrer directement. Ce col ne laisse pas un souvenir impérissable. La dernière descente sur Collsuspina est toutefois agréable malré la fraîcheur qui tombe rapidement.
Avec le changement d’heure, nous partons une heure plus tard au soleil. En arrivant à Viladrau la protection civile est omniprésente. La municipalité s’affiche clairement indépendantiste, mais rassurez-vous, pas de catastrophe à l’horizon, c’est simplement la fête de la chataigne.
Comme souvent nous débutons par une bouclette qui nous permet d’aller chercher les collets del Sabatel et de Mas Miquel.
Après le col routier de Gomera nous jouons avec la route qui relie Viladrau à Sant Celoni. Nous avons en face de nous la Serra de Montseny drapée de ses couleurs automnales oscillant entre le marron et le mauve. Tantôt à l’ouest pour passer le coll Sespreagariès tantôt dessus pour franchir coll de Can Gaudenci et Bordoriol puis encore à l’ouest pour un aller retour avec le collet Joan et les cols Saberia de Biax et Saberia de Dalt. Mine de rien, on est passé de 800 m à presque 1300 m sans trop s’en rendre compte, avec un panorama qui se dégage au fil des kilomètres. Rester sur la route aurait été trop simple, alors nous bifurquons à l’est pour aller chercher en contrebas le collet de la Beguda et la Collada. C’est presque un retour à la case départ pour l’altitude puisque nous sommes redescendus à 900 m.
Que fait-on quand on est descendu ? On remonte bien sûr et par une bonne piste pour retrouver la BV5114 au collet del Corral d'en Segalera ! La liaison pour les deux cols suivants, de Sant Marcal et Sesferreres est routière.
C’est à ce col que nous déjeunons à l’abri du vent frais qui nous accompagne depuis ce matin.
Nous en avons terminé avec la route. La suite se passe dans les sous-bois. Les couleurs automnales sont magnifiques avec le soleil qui perce les feuillages comme c’est souvent le cas en cette période de l’année. Après plusieurs belles ondulations nous atteignons le collet de Vilanova. Celui-ci aurait du se faire en aller retour mais nous décidons sur place, au vu des GPS, de modifier le parcours. Ce sera un retour gagnant. Avant de redescendre dans la vallée d’Arbùcies nous passons sans trop nous en rendre compte le coll Sobriana.
Nous sommes désormais au point le plus bas de la journée à 520 m d’altitude. Une première petite bosse permet d’atteindre le coll Satorre. Une bonne piste nous mène ensuite au Collet à 740 m d’altitude. Chacun monte à son rythme. Avant de rentrer, nous faisons un aller retour en col Sagrua situé une bonne centaine de mètres en contrebas.
De retour au coll Satorre il ne reste qu’à fermer la boucle en sans omettre d’aller chercher en aller retour les colls de l'Argeladar de Bancells à partir du coll de Cerdans.
Avant de rejoindre la route nous passons devant l’usine d’embouteillage d’eau de Viladrau, une société du groupe Nestlé. En ce dimanche après-midile parking est désert. Seuls deux semi-remorques attestent d’une activité industrielle en ce lieu.
Le circuit du jour part de Seva. La première partie peut se résumer à une lente montée vers Viladrau parsemée de digressions qui nous permettent de visiter le collet de Rubials, el Collet, la collada de Sobrevia, le seul situé sur la route entre les deux bourgs, le collet de les Tres Termes et le coll Cendros.
Viladrau est endormi, se reposant certainement des festivités de la veille. Nous évoluons maintenant sur une crête plein nordqui nous permet de franchir les colls de Ciders, de la Baralla, et de Baralla. De retour au coll de Ciders nous obliquons vers le nord-est vers les colls de Sa-Sitge et Gali passés en descente. Le sens de rotation choisi par Patrick L. est le bon. Monter par cette longue descente aurait été laborieux compte tenu des pourcentages et de l’état dégradé de la piste par endroits.
Après quelques hectomètres de goudron nous attaquons à droite une piste pentue qui nous mène au coll Tasco ou avalons notre dernier pique-nique. Nous ne pourrons pas poursuivre jusqu’au coll de Cirers, le propriétaire des lieux nous demandant poliment mais fermement de faire demi-tour.
Nous reprenons donc la route en direction de la collada del Vilar sans oublier au passage le collet del Timonar situé tout près de la route. A la collada bifurcation sur la gauche pour emprunter une belle piste sur une crête dégagée qui offre de belles vues sur la plaine de Vic d’un côté et sur la Serra de Montseny de l’autre. Au passage, nous franchissons le col de Taradell et le collet de Guaitalops avant de redescendre sur Taradell.
Le collet de Mont Rodon, situé au bord du golf de Tardell n’est qu’une petite échancrure dans une crête granitique. Comme il est de bonne heure, nous décidons de rajouter au programme le col routier de Malla, situé le long de la route reliant Vic à Barcelone. Finie la tranquillité qui nous accompagnait depuis ce matin !
Du coup, nous déguerpissons au plus vite en direction du collet de Sant Joan où nous retrouvons le calme. Nous y faisons même une pause nougat. Il ne reste qu’à rentrer à Seva où notre dernier objectif, le coll de la Glorieta nous attend à l’entrée du bourg non sans être parfumés au passage par les odeurs nauséabondes d’une porcherie.
C’est un petit circuit à la demi-journée qui nous attend pour ce dernier jour du séjour. Patrick L., n’est pas bien et préfère se reposer. Nous allons faire sans notre guide à la mémoire d'éléphant qui connait les circuits par les moindres détails aussi bien sur la carte que par vues aériennes.
Nous allons monter jusqu’à El Brull . Nous sommes prévenus, pour atteindre le premier col, le collet de la Costa il y a 400 m de dénivelée à gravir sur 4 km. Heureusement, la piste est bonne.
La suite est plus tranquille car nous sommes sur un plateau boisé où nous sommes surpris de trouver un dolmen au milieu d'une clairière.
Plus au nord, le collet dels Contrabandistes est situé à l’écart de la piste, en bord de falaise. De là, nous pouvons voir où nous allons passer au retour, de l’autre côté de la vallée. La Collada est quant à elle situé sur une route locale, à une centaine de mètres au nord du waypoint officiel.
Le hameau d’El Brull est "décoré" de banderoles indépendantistes.
Nous poursuivons vers l’est pour cueillir le collet de l'Apallador et le coll Castellar. Nous ne le savons pas encore, mais ce sont là nos derniers cols du séjour. En effet, nous ne pourrons pas accéder au collet Cendros . Un ouvrier agricole nous explique que le chemin est cadenassé.
Ce n’est qu’un détail, car avec plus de 140 cols glanés sous une météo de rêve ce séjour est une réussite au delà de toutes les espérances.
Les petits gaulois ne font pas que manger, boire, dormir, regarder les paysages ou discuter en haut d'un col. Ils pédalent (ou marchent) aussi. La preuve par l'image: