Hendaye - Menton : fin de cycle !

La préparation à cette diagonale a bien entendu été perturbée par le confinement : deux mois à tournicoter dans une cage d'un kilomètre de rayon n'a rien d'un entraînement ! Autant dire qu'il faut repartir de zéro au 12 mai.

L'allongement progressif des sorties ne permet bien entendu pas de respecter le calendrier initial qui prévoyait de réaliser cette diagonale fin juin. David et Philippe mes coéquipiers pressentis sur ce projet jettent l'éponge pour des raisons professionnelles et familiales mais je décide quand même de m'inscrire fin juin après une sortie en solo de plus de 250 km. Je fixe les dates du 21 au 24 juillet en sachant que je ne partirai pas en cas de forte chaleur ; il faut rester raisonnable …

La météo des jours précédant le départ ne donne pas de signaux clairs mais le risque de canicule semble écarté.

Me voici donc dans les starting blocks. à Hendaye.

Hendaye Lannemezan :

La ventilation trop bruyante de la chambre d'hôtel a perturbé ma nuit. J'ai du coup entendu les quelques coups de tonnerre nocturnes mais au matin le soleil brille.

Hendaye
Les rochers jumeaux d'Hendaye dans la brume matinale

Je pars comme prévu à 8h. Bien que passant par la corniche, le contraste est saisissant entre la circulation intense d'Hendaye à Bayonne et le calme qui suit le long de l'Adour puis du Gave de Pau où je croise de nombreux cyclos qui font leur sortie matinale.

Adour
Sur les bords de l'Adour

Lesté d'un petit déjeuner conséquent, mes arrêts de la matinée se limitent à un plein d'eau et deux pauses techniques ce qui me permet de rallier Orthez avec ¾ d'heure d'avance sur ma feuille de route.

Orthez
Orthez : le vieux pont sur le Gave de Pau

J'y déjeune dans un bar restaurant « à chats ». Vu le contexte sanitaire, je préfère manger en terrasse plutôt qu'en compagnie des félins destinés à l'adoption.

En repartant, les premières difficultés se dressent en direction de Mourenx. J'ai préféré les coteaux à la vallée pour m'épargner la circulation de l'ex N117.

Lacq
De Mourenx on domine le site de Lacq

A Pau je décide de sortir de ma feuille de route pour gagner directement Nay plutôt que de passer par Gan ; j'évite ainsi deux bosses. De là, je file plein est avec l'aide du vent devenu favorable.

En fin d'après-midi je fais un arrêt boulangerie à Soues où je reçois les encouragements du maire qui me questionne sur mon périple.

La fin d 'étape est vallonnée et se termine avec la longue côte de Tournay à Lannemezan : 15 km de faux plat montant pour atteindre le point culminant de cette diagonale à 600 m d'altitude.

En dinant je fais le point météo du soir : déception. Il est prévu pour demain des averses le matin et des orages l'après midi. En attendant, dodo, demain est un autre jour ...

Lannemezan Sète :

Malgré mon réveil à 5h j'ai droit à un petit déjeuner servi par le veilleur de nuit de l'hôtel la Demi Lune !

Au départ l'air est humide mais il ne pleut pas. Je dois suivre les ondées car la route est mouillée à plusieurs endroits.

Ce n'est qu'après Carbonne que le ciel se lève. C'est le secteur vallonné de l'étape où je perds l'avance que j'avais prise, en particulier à cause de travaux ; un cyclo me conseille même de faire demi-tour. Que nenni, c'est hors de question !

Après Saverdun j'ai le plaisir de retrouver pour quelques instants Bernard Lescudé venu à ma rencontre. Je déjeune comme prévu à Belpech. Sur le vélo la chaleur m'accompagne désormais jusqu'au prochain contrôle à Trèbes, au delà de Carcassonne.

Carcassonne
La cité de Carcassonne

Surprise en redémarrant, j'ai désormais un bon vent de face alors que des nuages d'orages se forment autour de la montagne d' Alaric. Un habitant de Puichéric où je fais le plein d'eau est formel : pas de pluie aujourd'hui. Je n'aurai effectivement que quelques gouttes d'eau avant d'arriver à Béziers où le vent a tourné : il est désormais plutôt favorable.

Béeiers
Béziers : l'Orb et la cathédrale

A la sortie d'Agde j'ai des sueurs froides car j'ai du mal à trouver la piste cyclable pour Sète, la D612 étant interdite aux vélos : les panneaux sont ambigus. Un touriste habitué des lieux me met dans le droit chemin.

La nuit tombe déjà lorsque j'arrive à Sète. Le compteur affiche tout de même 330 km au terme de cette journée au plat pays.

Sète Draguignan :

La première partie de l'étape est plate comme une crêpe jusqu'à Salon de Provence, mais gare au vent qui peut balayer la Camargue. Ce n'est pas encore le cas ce matin. J'ai pris l'option littoral qui comporte de nombreuses pistes cyclable jusqu'au Grau du Roi.

En pointant le BPF d'Aigues Mortes, je m'aperçois que j'ai un message. C'est Bernard Boiraud, sariste du coin, qui m'attend du côté de Lattes. On s'est loupé car je suis parti plus tôt que prévu pour avoir de la marge afin de gérer la chaleur provençale prévue cet l'après-midi.

Aigues Mortes
Une partie des ramparts d'Aigues Mortes

Le vent se lève alors que je fais route vers Arles. Il est de ¾ face. Il me tarde d'y être car je vais y changer de cap et l'avoir de ¾ arrière. J'y fais ma pause boulangerie du matin. Il fait déjà chaud en repartant.

Je déjeune à Salon de Provence au son des Mirages qui s'exercent. Ils m'accompagnent jusqu'à Aix en Provence.

Après deux jours de plat et avec la chaleur ambiante j'ai du mal à monter le col du Cengle, passage entre la Montagne Ste Victoire et la Montagne du Cengle. Je fais deux arrêts en cours d'ascension pour ne pas me mettre dans le rouge : j'ai le temps, je suis largement dans ma feuille de route.

Montagne Ste Victoire
La Montagne Ste Victoire dont la crête est parsemée de cols ...

J'ai choisi des petites routes pour rejoindre St Maximin en évitant la N7. C'est une erreur car elles sont peu roulantes, vallonnées et je dois même slalomer entre trous et rustines de goudron.

Passé St Maximin, le vent me pousse vers Brignoles et Le Thoronet. Heureusement car je commence à fatiguer. Le manque de fond se fait sentir ; j'ai un mal au dos inhabituel.

Le soleil décline. Ça sent la fin d'étape. Un dernier effort pour franchir le col de l'Ange et Draguignan est là, en contrebas.

Draguignan Menton :

Je me lève à 4h et pars dans la foulée après un petit déjeuner frugal. Je veux mettre toutes les chances de mon côté pour réussir cette diagonale de fin de cycle. Partir de nuit n'est pas ma tasse de thé mais je suis motivé. Vu l'heure, je suis seul au monde jusqu'aux environs de Fayence mais avec le jour qui se lève la vie reprend et la circulation aussi. Elle devient même très dense en arrivant sur Grasse.

A partir de là je me retrouve en terrain connu : c'est le même final que pour Dunkerque Menton, du moins jusqu'à Nice où la piste cyclable de la promenade des Anglais est désormais bien aménagée.

Je suis au port de Nice, au pied de la grande corniche, à 9h30. Devant être à Menton à 14h, la marge est confortable. Je m'octroie donc une bonne pause petit déjeuner avant d'attaquer le col d'Eze.

Le pied du col est pentu (8 à 9%). Compte tenu de la fatigue accumulée et du baluchon que je traîne depuis Hendaye je fais deux pause. Qu'importe, le but est tout proche.

Les dernières pentes sont douces. C'est gagné pour cette diagonale mais aussi pour le cycle des neuf diagonales !

Je savoure en pointant le BPF de La Turbie et je me fais même une petite fantaisie en allant chercher en aller retour le col de Guerre tout proche.

La Turbie
La Turbie

Il ne me reste plus qu'à me laisser glisser prudemment jusqu'à Menton où le rituel photo puis pointage au commissariat est respecté.

Le repas pris en bord de mer me permet de revivre tranquillement ces quatre journées intenses de vélo ...

Menton
Et de neuf, fin de cycle !

Etude de parcours Gilbert JACCON : cliquer ici