Vendredi 07/07/17 à 16 h (et non 17h17 !) la diagonale n° 17102 prend le départ de Dunkerque, cap sud sud-est vers Menton.
Une diagonale est un projet pensé longtemps à l’avance. C’est cet hiver que j’ai proposé à David de « s’en faire une », sachant que nous en avons déjà scalpé quatre chacun et qui plus est, les mêmes. Hésitations entre Dunkerque Hendaye et Dunkerque Menton. C’est cette dernière qui est finalement choisie pour terminer les « quatre jours et demi » en délai. Le sens choisi permet d’aller vers le soleil et de profiter le plus souvent de vents favorables. Le départ à 16h nous permet de découper le parcours en cinq étapes.
Après deux diags en solo et deux en quatuor, c’est ma première en duo. J’ai entièrement confiance en David, « la bête » est solide mentalement et physiquement. Nous nous connaissons bien. Le choix des équipiers est important.
Tous les voyants sont au vert jusqu’au jeudi : préparation physique OK (brevets de 400 et 600 km pour David, l’Ardéchoise 4 jours et plusieurs sorties au-delà de 200 voire 250 km pour moi), logistique OK, météo favorable (beau sans canicule, vent de secteur nord). Mais la veille du départ, patatras ! Météo France annonce pour toute la journée de dimanche des orages violents et un vent de secteur sud de 40km/h avec des rafales à 70 km/h. Journée galère en perspective. Comme le dit David, « bon on y va, on verra bien ».
Les 150 km de la première soirée entre Dunkerque et Péronne sont communs avec le début de la diagonale Dunkerque Perpignan. Ils sont donc sans surprise hormis l’escalade hors parcours de la taupinière BIG du mont Cassel truffée de pavés.
J’ai pour ma part un ptit coup de blues lors du « diner » pris sur un trottoir auprès d’une baraque à frites à Arras. Je me demande ce que je fais là alors que ce serait si bon d’avoir les pieds sous la table après la douche ! Ces pensées s’évaporent dès la remontée sur le vélo, équipés des chasubles et éclairages car nous allons terminer l’étape de nuit. L’arrivée à Péronne est conforme à la feuille de route à 23h15. La télé nous annonce toujours une météo exécrable pour dimanche.
Samedi matin départ dès 6h après une nuit mi-figue mi-raisin. On profite de la fraîcheur matinale sur des routes légèrement vallonnées sans plus. Premier contrôle à Coucy le Château (BPF 02) où l’on se ravitaille sans trouver de bar pour prendre une boisson chaude. Il faudra attendre Soisson pour s’offrir ce plaisir.
Le relief est ensuite plus marqué jusqu’à Sézanne (BPF 51) mais le vent favorable nous aide. David part devant dans les bosses pendant que je roule à mon rythme sans jamais chercher à rentrer. La chaleur s’intensifie au fil des heures.
En ce samedi, les moissons battent leur plein. Comme des orages sont annoncés pour la soirée, les moissonneuses tournent à plein régime, des norias de tracteurs et de semi-remorques de grains transportent les récoltes pour les mettre à l’abri.
Après Anglure nous suivons la vallée de la Seine. Les relais se succèdent. La traversée de Troyes se fait les doigts dans le nez. Merci le GPS, pourtant parfois décrié ! Pour aller à Bar sur Seine, terme de cette deuxième étape, nous dévions de la route pour aller cueillir le BPF de Rumilly les Vaudes (10) qui nous vaut deux belles bosses dans le final. Compte tenu des conditions favorables nous avons pris une heure d’avance par rapport aux prévisions. C’est de la récupération en plus !
Compte tenu de la météo annoncée pour aujourd’hui dimanche, nous avons décidé d’avancer le départ à quatre heures au lieu de six heures : autant mettre tous les atouts de son côté.
Aujourd’hui, c’est matinée bestiaire. Au km 0 un petit chien sorti de nulle part manque passer sous la roue avant de David. Ensuite, le lever du jour passé, nous apercevons, un chevreuil puis un autre, deux lièvres qui traversent à une cinquantaine de mètre devant nous puis plus loin un puis deux lapins ! La route est humide par endroits. Il a donc plu dans la nuit.
Par contre la chasse à la boulangerie est infructueuse. Pour rallier Dijon nous avons choisi un itinéraire bis. Les villages se succèdent, les uns derrière les autres, sans commerce. On pioche dans les réserves mais les barres de céréales ne constituent pas un petit déjeuner de rêve. Il faut attendre le km 70 pour apercevoir l’enseigne tant attendue. Il est 7h15 pour une ouverture affichée à 7h30. Pour nous sortir du pétrin David s'engouffre dans le laboratoire et revient avec trois pains aux raisins mais la pudeur me commande de ne pas vous rapporter ses commentaires sur la boulangère ! En voilà deux qui ne passeront pas leurs vacances ensemble. Pour le café et le chocolat, il faudra encore patienter 50 km de plus ! Nous visitons vraiment la Bourgogne profonde.
Dijon est parait-il une ville difficile à traverser mais le GPS fait encore merveille. La sortie de l’agglomération est même tranquille car les véhicules sont canalisés à cause d’un important meeting aérien. Nous observons quelques acrobaties de loin. Soudain un grand vacarme : c’est la patrouille de France qui vient nous saluer et lâche ses fumigènes en notre honneur ! Merci à elle !
Nous continuons en laissant au loin sur notre droite les coteaux des appellations de Bourgogne les plus prestigieuses. Nous ne suivons pas les panneaux qui nous invitent à aller à Nuit St Georges.
Après la séquence petit déjeuner voici la séquence déjeuner. A partir de midi et quart on ouvre l’œil sur tout ce qui doit nous permettre de nous restaurer. Un village, deux villages, trois villages et toujours rien, pas même un kebbab ou bar avec sandwiches. Enfin un resto ! Complet ! Deuxième arrêt dans un bar : pas moyen de manger ! Le troisième essai sera le bon en bord de Saône près de Seurre.
Et au fait, la météo ? Contre toute attente le vent est quasi nul voire très légèrement favorable. Seule contrariété : un orage peu violent avant Dijon avec une petite pluie pendant une petite heure. Rien de bien méchant donc, ce qui nous permet de garder notre avance matinale.
Repus, nous pouvons désormais continuer notre chemin vers Louhans sur des routes favorables à la digestion et à la sieste. Les paysages changent. Finies les grandes plaines céréalières, place à un espace plus morcelé aux cultures variées. J’ai un petit coup de moins bien en ce début d’après-midi : peut-être les frites ?
Passé Louhans et son contrôle le ciel passe par toutes les couleurs : du bleu laiteux à toutes les palettes de gris soutenus. On voit même les nuages noirs se détacher dans leur épaisseur et c’est épais ! Je ne sais pas si c’est nous qui allons vers l’orage ou si c’est lui qui vient à nous mais la rencontre est inévitable et brutale. A peine le temps de mettre l’imper que ça tombe dru avec de violentes rafales. Par chance nous sommes à l’entrée de Cormoz. C’est sauve qui peut vers le premier abri. Dans la précipitation, c’est chacun de son côté. Avec le vent, l'eau rebondit sur les toitures et file sur le côté des maisons.
Nous attendrons une demi-heure environ avant de pouvoir repartir. Le vent cesse aussi brutalement qu’il est arrivé mais il a laissé des traces : feuilles et branches jonchent la route. Un arbre est même couché dans un pré.
A Bourg en Bresse nous faisons une pause tourisme pour admirer le monastère royal de Brou. C’était là au départ le terme de la troisième étape mais quelques semaines avant le départ nous avons décidé de pousser jusqu’à Pont d’Ain. Le vent est désormais franchement défavorable pour le final vallonné de la journée.
Après une bonne nuit nous sommes d’attaque pour la quatrième étape durant laquelle nous allons tutoyer les Alpes.
Les premiers kilomètres sont faciles. Les jambes tournent bien. Au bout d’une quarantaine de kilomètre nous passons le premier col tout en longeant le Rhône. Franchir serait un bien grand mot : 27 m d’élévation en 3.5 km !! Mais ce n’est pas n’importe lequel. C’est LE number one. Non, pas le plus visité, ni le plus haut, ni le plus bas. C’est le FR-01-0239 le premier sur le Chauvot, la liste des cols français validés par les 100 cols. Pardon M. le président des 100 cols, il se nomme le golet du Tilleul, mais s’il le premier c’est bien parce que c’est le FR-01-0239 !
La traversée du Rhône est un grand moment qui mérite un arrêt photo. Dans les régions inconnues, les rivières et les fleuves sont de bons points de repère.
Les gorges de Chailles coupent la monotonie après l’arrêt pain aux raisins chocolat café de St Genix sur Guiers. La circulation est désormais dense y compris dans le col de la Placette à cause d’une déviation qui nous envoie tout le trafic. Nous voici maintenant aux portes de Grenoble que nous traversons par la voie verte le long de l’Isère puis du Drac. Les cyclos rencontrés n’y sont pas chaleureux : personne ne répond à nos salutations.
Nous déjeunons à Vif avant d’attaquer les deux plats principaux du jour : les cols du Fau et de la Croix Haute. Le pied du col du Fau est pentu. La route passe de part et d’autre de l’autoroute. Vu du ciel, ça doit ressembler à un $. La suite n’est qu’un long faux-plat. L’orage gronde à notre droite mais nous épargnera, ne nous envoyant que quelques gouttes.
Dans le col de la Croix Haute, la circulation est moins intense que je ne le pensais. C’est un col qui se monte bien avec des parties ombragées. Le sommet marque une étape importante. Ce col joue pleinement son rôle de lieu de passage qui permet de s’ouvrir de nouveaux horizons : à nous les routes du sud ! La fin d’étape jusqu’à Sisteron ne doit pas poser de problème ; c’est un long faux-plat descendant.
Nous écourtons toutefois la pause rafraichissement d'Aspres / Buech car l’orage menace. Une fois de plus nous l’évitons en ne prenant que quelques gouttes. A partir de Serres nous retrouvons la route empruntée lors de Brest Menton.
La dernière étape pourrait un remake de Brest Menton en passant par St André des Alpes et le col de Toutes Aures mais notre choix s’est porté sur la route Napoléon par Castellane et Grasse. C’est plus vallonné mais les paysages sont plus beaux avec quelques cols supplémentaires à la clé. L'ascension du col des Lèques est sublime avec la traversée de la clue de Taulanne.
Après avoir traversé Castellane et être remonté jusqu'au col de Valferrière nous déjeunons à St Vallier de Thiey. Les difficultés sont derrière nous. La descente du col du Pilon offre de magnifiques vues sur la grande bleue et le massif de l’Estérel.
Ca sent bon l’arrivée, du coup nous prenons notre temps. Il ne reste qu’à affronter la Côte d’Azur et ses flots de véhicules en tout genre. La vigilance est permanente à partir de Grasse.
La traversée de Nice est chaotique. Nous avons une pensée pour les équipes qui sont justes pour les délais : bonjour le stress ! La promenade des Anglais est en travaux. Le GPS nous permet de trouver sans difficulté la route pour la moyenne corniche. Le surplomb de la mer nous offre de magnifiques vues sur les différents golfes et ports. Comme nous sommes largement dans les délais nous faisons de nombreux arrêts pour se rincer l’œil. C’est l’avantage d’être à vélo.
En voyant Monaco, je ne peux m’empêcher de faire un flash back sur Dunkerque : autre port, autre clientèle …
Menton signe la fin de l’aventure pour cette année. La réussite est fêtée avec une bouteille de rosé bien méritée !
Kilométrage prévu : 1210, réalisé : 1207 !! Bien joué David !
Dunkerque-Péronne : 151 km, D+ 1050 m
Péronne-Bar/Seine : 276 km, D+ 2050 m
Bar/Seine-Pont d'Ain : 291 km, D+ 2050 m
Pont d'Ain-Sisteron : 266 km, D+ 2150 m
Sisteron-Menton : 223 km, D+ 2500 m
Etude de parcours Gilbert JACCON : cliquer ici